« J’ai possédé une ferme en Afrique, au pied du Ngong. La ligne de l’Equateur passait dans les montagnes, à vingt-cinq milles au Nord. » Ainsi commence Karen Blixen, qui, en dévidant simplement ses souvenirs, est parvenue à écrire le livre le plus dense, le plus nourri, le plus vivant qu’aucun Européen ayant vécu en Afrique ait rapporté sur ce continent. Une immense chronique africaine, pleine de bonhomie et de poésie, l’évocation d’un monde brûlant, violent, naïf et passionnant.
Bonus
France culture a consacré un cycle de son émission “La compagnie des auteurs” à Karen Blixen en 2016. Nous vous conseillons en particulier d’écouter le podcast sur “Une ferme africaine” ainsi que celui intitulé “Contes nordiques / Contes d’Afrique”.
Extrait
« Quand le souffle passait en sifflant au-dessus de ma tête, c’était le vent dans les grands arbres de la forêt, et non la pluie. Quand il rasait le sol, c’était le vent dans les buissons et les hautes herbes, mais ce n’était pas la pluie. Quand il bruissait et chuintait à hauteur d’homme, c’était le vent dans les champs de maïs. Il possédait si bien les sonorités de la pluie que l’on se faisait abuser sans cesse, cependant, on l’écoutait avec un plaisir certain, comme si un spectacle tant attendu apparaissait enfin sur la scène. Et ce n’était toujours pas la pluie.
Mais lorsque la terre répondait à l’unisson d’un rugissement profond, luxuriant et croissant, lorsque le monde entier chantait autour de moi dans toutes les directions, au-dessus et au-dessous de moi, alors c’était bien la pluie. C’était comme de retrouver la mer après en avoir été longtemps privé, comme l’étreinte d’un amant. »