Bande dessinée de Joris Martens
De grandes planches aux couleurs contrastées, une vision d’ensemble en plongée où la vue se brouille sur un Paris délavé par la pluie. Le premier contact avec Nettoyage à sec est visuel. La ville englobe les personnages dans une routine poisseuse qui leur colle à la peau comme cette pluie, diluvienne. Voilà ce qu’on peut aimer, d’emblée, la création d’un univers singulier, et de lieux qui font corps avec les êtres, à moins que ce ne soit l’inverse… Il y a une forme de déterminisme ici, jusque dans la représentation des paysages. Une volonté totalisante de représenter Paris et d’enfermer le personnage en son cercle.
François : Livreur pour la blanchisserie Bianca, sa vie n’est rythmée que par les trajets qu’il effectue. Son seul bonheur semble tenir à la rencontre quotidienne de Maryvonne qui tient le kiosque à journaux et qui lui vend chaque jour un billet de lotto. Billet qui porte en lui les promesses d’une vie meilleure : quand il sera riche, il payera à Maryvonne et à sa fille la maison de leurs rêves… Quand il sera riche… Une longue liste de réalisations incertaines.
De livraisons en livraisons aux côtés de cet homme en costume, dégoulinant, nous devenons poreux. Nous le suivons et puis, un jour, alors qu’il s’est écarté du trajet habituel pour effectuer une livraison exceptionnelle, il trouve une immense somme d’argent laissée à l’abandon. Que faire ?
Jusqu’à la fin, une fin absolument étonnante, nous sommes happés. Une réussite absolue !